Abritée au Musée national de Chine, la théière Gongchun est un trésor inestimable de la culture du thé chinoise. Son histoire est indissociable de celle de Chu Nanqiang, démocrate patriote et industriel renommé, originaire de Yixing dans la province du Jiangsu. Quant à sa découverte, elle n'est autre qu'une véritable légende.

En 1928, Chu Nanqiang tomba par hasard sur une vieille théière rustique, en forme de loupe de bois, dans un étal de rue à Suzhou. En l'examinant de plus près, il remarqua deux caractères en sigillaire, « 供春 » (Gongchun), sous l'anse, ainsi qu'une inscription sur la base qui portait : « Fabriqué par Gongchun la 8e année de l'ère Zhengde de la dynastie Ming (1513) ». Sans attirer l'attention, il l'acheta discrètement pour seulement un dollar en argent.
Convaincu d'avoir découvert un trésor national, Chu Nanqiang chercha à le faire authentifier par des experts en antiquités. Il s'agissait bien de la théière Gongchun, disparue depuis plus de 400 ans, portant le nom de son créateur. Chu invita ses amis proches – des peintres et calligraphes renommés comme Huang Binhong, Xu Beihong et Pan Yizeng – à venir admirer ce chef-d'œuvre. Tous en restèrent stupéfaits. La théière, faite d'argile sablonneuse ocre-jaune, présente une surface bosselée et verruqueuse, semblable à l'écorce d'un arbre, d'où son surnom de « Théière-Loupe de Bois ».

Après la fondation de la Chine nouvelle, Chu Nanqiang fit don de la théière Gongchun, accompagnée de sa documentation historique, au Musée de Nanjing. Vers 1958, le Musée de Nanjing transféra cette pièce inestimable au Musée national de Chine, où elle est conservée et demeure, encore aujourd'hui, un trésor culturel célébré.